Les Fabulations
Journal indépendant et curieux de littérature
Lundi 21 mai 2018
« D’étranges sacs à dos d’où dépassent des tuyaux ont été aperçus dans l’Alpha. Certains disent que des personnages de papiers ont galopé toute la matinée entre les allées. Les usagers de la médiathèque ont observé des hommes et des femmes passionnés les capturer. » Carine, 36 ans, médiathécaire à l’Alpha.
Personne n’a vraiment compris les événements qui se sont produits dans la matinée du 19 mai 2018 au 1 rue Coulomb dans la ville d’Angoulême. Pour tenter d’éclaircir le mystère qui plane autour de ces quelques heures, nous avons contacté la BookBusters Corporation qui avait investi les lieux le jour même.
L’agent 1230456, qui ne souhaite pas (ou ne peut pas) révéler sa véritable identité, nous a déclaré que son équipe de BookBusters était intervenue dans le cadre d’une mission classée confidentielle. Les mercenaires qui ont intégré l’agence ont été recrutés au pied levé pour leur audace et leur imagination.
En exclusivité nous vous dévoilons le témoignage anonyme d’un de ces agents, pour le moins loufoques, que certains d’entre vous ont pu croiser samedi dernier :
« J’ai d’abord cru postuler à un poste d’intérimaire lambda. Je m’attendais à soulever des cartons et ranger des livres mais voilà que la BookBusters Corporation a débarqué. A partir de là, tout est allé très vite. On nous a mis en contact avec des gros bonnets de la littérature. Je ne devrais pas vous dévoiler leur identité mais dans le lot il y avait Harry Potter, Emma Bovary et j’en passe… On pourrait croire que ces gars là vivent heureux, avec toute la gloire que leur apportent leurs livres tout de même… En réalité la plupart ne pense qu’à une chose, c’est fuir. On en a retrouvé un paquet qui tentait d’atteindre les portes pour devenir de réelles personnes. Une fois rattrapés, on a dû faire quelques expériences dont j’ose à peine vous parler. J’ai tellement modifié l’histoire originale de celui que j’avais attrapé… Heureusement que je suis formé en psychologie, j’ai pu discuter un peu avec le détenu. Je ne sais pas trop si j’ai été à la hauteur, tout ce que je sais c’est que, grâce à moi, vous pouvez lire des livres sans que le personnage principale ne manque à l’appel. »
Ce témoignage obscur laisse planer le doute quant aux réels motivations de l’agence. Nos équipes de journalistes restent sur le qui-vive et surveilleront de près les actions futures de ces agents secrets.
Qui sait si la BookBusters Corporation poussera de nouveau les portes de votre médiathèque pour recruter… Mesdames et Messieurs, un seul conseil, gardez l’œil ouvert !