« Déformation »*
Atelier d’écriture du 23 juin 2018
Les plumes deviennent micros et les mots ondulent sur les langues !
Pour célébrer l’été et la fête de la musique des chansons connues ont été déformées. L’atelier d’écriture s’est voulu musical et festif. 3h pour griffonner, fredonner et créer.*
Les participants tirent au sort un nom d’artiste, choisissent une chanson française dont quelques paroles ont été surlignées par les animatrices et, dans un premier temps, produisent un texte narratif.*
Ensuite, le texte est élagué puis mis en forme pour faciliter sa mise en chanson. *
A la suite de l’atelier, Lady Shine, chanteuse de cabaret, a enregistré les productions des participants en musique.
Pour visionner la vidéo récapitulative de l’atelier, c’est par ICI
*Ces sujets sont des créations originales des Fabulations, ateliers d’écriture, projet représenté par
les personnes morales et physiques de Marie Gréau et Mathilde Durant. Ces créations sont
protégées par le droit d’auteur. Toute réutilisation ou exploitation des sujets sans l’autorisation
expresse des détentrices des droits pourra faire l’objet de poursuites judiciaires.
P R O D U C T I O N S
. . .
PHASE 1 :
Du bout des doigts, Elise se met à effleurer le tissu rouge et or du fauteuil. Comme à son habitude, elle commence à appréhender l’ennui. L’ennui de ces récitals sans âme et sans saveur que sa grand-mère donne tous les samedis dans son salon de musique, pièce d’un autre temps à l’image de l’auditoire tout droit sorti d’un siècle révolu.
Sans attentes particulières, Elise attend, le visage légèrement tourné vers la fenêtre, seule issue de secours vers un monde neuf et autrement plus attrayant que le salon cramoisi d’une vieille demeure où ne se jouent que des partitions d’antan. Au centre de la pièce, le pianiste s’apprête à laisser glisser ses mains sur le piano, comme tant d’autres avant lui, élèves appliqués de conservatoire et invariablement satisfaits dès qu’ils atteignent la fin d’un morceau sans fausse note. Sans quitter des yeux la fenêtre, Elise se contente de tendre vaguement l’oreille dans l’attente de voir sa première impression confirmée. Cependant, au son des premières notes, son visage se tend, comme surpris par cette mélodie de Bethoven. Sa mélodie, qu’elle a déjà entendu tant et tant et qui lui semble pourtant entendre pour la première fois. Sans atteindre une beauté exceptionnelle, l’interprétation de cette musique présente un aspect indéfinissable que l’on avait encore jamais écouté dans ce salon. L’auditoire affiche un air désapprobateur, sans que le pianiste ne s’en soucie. Pour la première fois, Elise daigne le regarder : sans charme et longiligne. Il ne lui aurait probablement pas plu n’était-ce son interprétation nouvelle de Beethoven. Portée par ce sentiment de nouveauté, Elise se dit qu’elle aimerait revoir le paysage depuis la fenêtre dans l’idée de donner plus de force à son exaltation naissante. Mais ses yeux amoureux suivent le jeu nerveux et les doigts secs et longs de l’artiste. L’exaltation est là, au cœur du vieux salon. Par quel miracle ? Elle ne sait se l’expliquer mais pour la preière fois depuis la fin de l’enfance, elle se sent bien.
PHASE 2 :
La belle et noble dame
Se meurt entre ses murs
Elle sent mourir son âme
Dans la même parure
Les récitals l’ennuient
Les pianistes sans passion
Où retrouver l’envie,
Et de l’exaltation ? (bis)
Elle détourne la tête
Déçue, vers la fenêtre
Dès qu’elle entend les premières nots
Mais soudain elle s’arrête
Et se croit à la fête
A mesure qu’elle entend cette gavotte
Le rythme est entraînant
Vif et virevoltant
Elle n’en croit vraiment pas ses oreilles
Enfin comme dans l’enfance
Elle prend goût à la danse
A l’écoute d’une telle merveille.
Mais le noble auditoir
Au son du rythme nouveau
Ne sait plus que croire
Ne trouve pas cet air beau
Non ce n’est pas classique
Quelle est donc cette chose
C’est intergalactique
Le poème devient prose. (bis)
Mais elle n’en a que faire
Elle aime vraiment cet air
Ne veut plus regarder au dehors
Elle observe le pianiste
Sans plus avoir l’air triste
Atteignant enfin un âge d’or
Et ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Des doigts secs et longs de l’artiste
Elle prend goût à la vie
Et retrouve l’envie
N’arrêtez jamais cette musique.
Alban / Monsieur Intergalactique
. . .
PHASE 1
« Silence dans la classe. »
La maîtresse calme les derniers chuchotements. Il fait beau et chaud. Par la fenêtre ouverte, on entend les oiseaux s’apostropher dans la cour.
Ce matin, nous allons parler de vous : Qu’est-ce qui est le plus important, pour vous, dans la vie ?
Petits rires étouffés, regards en coulisse, gestes inquiets.
Arthur lève le doigt très haut à s’en décrocher le bras.
« Oui Arthur?
-Ben c’est l’argent. Quand on en a plein, on peut tout faire, c’est trop bien !
-Moi c’est mes parents. »
Dix doigts pointent vers le plafond et toutes les réponses fusent. La maîtresse est vite débordée.
« La console », « mon chien », « mon petit frère », « les vacances », « dessiner », « faire du foot », « mes copains ». Puis très vite « Mais n’importe quoi toi ! », « T’es lourd », « Oh la vieille », « La honte !!! ».
La maîtresse fait à nouveau revenir le calme.
« Vous avez tous des avis différents mais nous ne vous écoutez pas. Vous ne supportez pas d’être différents. Et pour quelle raison étrange, les gens qui pensent autrement ça nous dérange ?
Réfléchissez bien. On en parle demain. »
PHASE 2 :
Silence dans la classe, il faudrait se calmer
La maîtresse passe doucement entre les allées
On prend un temps pour donner, ses pensées et aussi ses idées
Est alors lancé le sujet d’aujourd’hui
Tous les enfants se regardent et puis sourient
Le silence entre les rangées, les enfants commencent alors à penser
A rêver
Qu’est-ce qui est le plus important
Pour vous dans la vie maintenant ?
Ce qui vous fait sentir vivant
Les doigts se lèvent en riant, et les réponses fusent toutes en même temps
C’est l’argent, non c’est mes parents
C’est le foot, moi c’est mes copains
Les vacances avec mon p’tit chien
Toi t’es nul tu comprends rien
C’est trop la honte t’es plus mon copain
La maîtresse demande le calme à présent
Vous avez tous des avis très différents
Mais pour quelle raison étrange
Les gens qui pensent autrement ça nous dérange, ça nous dérange
Qu’est-ce qui est le plus important
Pour vous dans la vie maintenant ?
Ce qui vous fait sentir vivant
Les doigts se lèvent en riant, et les réponses fusent toutes en même temps
C’est l’argent, non c’est mes parents
C’est le foot, moi c’est mes copains
Les vacances avec mon p’tit chien
Toi t’es nul tu comprends rien
C’est trop la honte t’es plus mon copain
Christiane / Désir intergalactique
. . .
PHASE 2 :
Je démarre le road trip à minuit bien sonné
Mes jambes à l’horizontal
Seul sur ce lit d’hôpital
Pour décoller du sol je choisis Air Conscience
Dans mon cerveau sans souffrance
J’prends toutes les correspondances
Et je m’suis enrolé (bis)
Dans l’monde que j’ai créé (bis)
Sans boussole mon scooter me décolle de terre.
Et regarde en bas tous ces terriens qui somnolent !
Oh mes amis vous n’êtes pas très en forme
Et regarde un peu mes ailes qui clignotent
Mais oui, mais oui, on te rejoint mon pote
Y a dans la stratosphère un bar bien fréquenté
Par des lutins un peu fous qui viennent de tous les côtés
Je leur ai dit venez tous on monte dans ma bagnole
Elle vole à 2000 à l’heure, on se fait une virée folle.
Et on a quitté la terre (bis)
Et squatté l’univers (bis)
Sur nos jambes de bois imaginaires
On a une belle vue là !
La tête à l’envers sous la lune
On resterait comme ça
A fumer, eh, eh…
On s’est fait prendre en stop dans le bateau d’Albator
Il y a des sirènes à bord qui chantent en crachant de l’or
J’ai bu un verre d’orage avec une licorne sauvage
Elle vient d’une autre dimension
Je suis de tous ses voyages
On a fait des bébés (bis)
Cosmiques et colorés (bis)
Je suis papa d’une myriade de voies lactées.
(Les voisins ont fait venir les pompiers pour m’lever
J’ai dit non pas question, il faut me laisser
Avec mon pote le dragon qui vient d’Oriou
et des étoiles, les étoiles, les étoiles !)
Elisabeth Bée / Luxe des ténèbres
. . .
PHASE 1 :
Toute la semaine je me suis demandée, pourquoi j’avais accepté de venir à cet atelier d’écriture. Pourquoi me mettre en danger, moi qui ne sais ni chanter, ni écrire, moi si timide et réservée ?
Pourquoi me lever tôt, sortir de ma campagne ensoleillée et mon jardin rempli de plantes et de fleurs exubérantes ?
Pourquoi laisser mon chien, mes chats, mes tortues et mes poules bien sûr, tout ce petit monde si familier ?
Quelle idée tordue !
Après une nuit horrible peuplée de cauchemars, au petit matin, Dieu m’est apparu et m’a donné la solution. Je dois venir pour rire, vivre, partager, sortir de ma petite coquille d’escargot, rencontrer de nouvelles personnes, toutes très douées dans l’écriture, me prendre la tête avec une phrase débile d’un chanteur que je n’aime même pas, avoir les tripes qui se tordent, le cœur qui bat la chamade car je n’ai pas d’inspiration.
Mais bon, je vais survivre et je suis contente, je serai vivante, et c’est bien.
PHASE 2 :
Toute la semaine
Je me suis demandée
Pourquoi venir
A cet atelier
Oui je n’ai cessé de chercher
De bonnes raisons,
Oh, d’y aller
Pourquoi me lever tôt ce matin
Et sortir de mon joli jardin
J’ai laissé mes poules, mes chats, mon chien
Tout ce monde que je connais bien
Après une nuit très agitée
Je ne savais plus où j’en étais
Au petit matin Dieu m’est apparu et m’a donné la solution
Je dois venir
Pour m’amuser
Ecrire une phrase complètement cinglée
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade (bat la chamade, le cœur qui bat la chamade)
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade (bat la chamade, le cœur qui bat la chamade)
Maintenant c’est fini, je suis contente d’être ici
D’avoir écrit une chanson complètement pourrie
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade.
Pendant une heure je viens d’écrire
Des tas de paroles toutes insensées
J’ai bien dû grillé quelques neurones
Et je suis complètement épuisée
Mais je reviendrais bien volontiers
Oui reviendrais bien volontiers
Pour participer à de nouveaux ateliers
Car je me suis quand même bien amusé
Je vais revenir
Participer
A de nombreux autres drôles d’ateliers
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade (bat la chamade, le cœur qui bat la chamade)
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade (bat la chamade, le cœur qui bat la chamade)
Maintenant c’est fini, je suis contente d’être ici
D’avoir écrit une chanson complètement pourrie
J’ai les tripes qui se tordent et le cœur qui bat la chamade.
Nicole / Romance des brouettes
. . .
PHASE 2 :
De manière inconditionnelle
J’ai toujours aimé je crois
La langue lorsqu’elle est belle
Et qu’elle me tend les bras
Et je relis sans trêve
Ces mots parlant d’amour
Que je note dans mon
Carnet jour après jour
Ces belles phrases d’artistes
Me mettent en émoi
Qu’elles soient gaies ou tristes
Pour elles mon cœur bat…
Et si j’entends leurs voix
Je ne les écoute pas
Je m’arrête sur les mots de l’artiste
Et c’est la poésie
Des mots qui font ma vie
Comme eux je suis joyeux ou bien triste
Ça me rentre dans la peau
Par le bas par la haut
Et ça me fait vibrer c’est balaise
Tout mon être est tendu
Mon souffle est suspendu
Je suis fan de variété française
Je ne suis pas artiste
Mais j’aimerais parfois
Venir chanter sur la piste
Mes joies et mes émois
Et pour cela j’espère
A la prochaine saison
Pouvoir quitter la maison
En chantant des chansons
Je passerai sur la scène
Des télé-réalités
Je trouverai un mécène
De tune, j’serai pété
Je ferai des galas
Les fans viendront pour moi
Tant de noms de groupes sur ma liste
Et leurs yeux amoureux
Me suivront lorsque je
Les pointerai du doigt en sortant de la piste
Elles viendront dans ma loge
Me feront des éloges
Auront envie de moi c’est physique
Et sur la rime en U
Je suis un peu perdu
Je reviens au vrai sens d’la musique
Ce sera tout pour ma gueule
Pourtant j’écris, crois-moi
Certainement pas tout seul
Les mots qu’tu entendras
Je pique, je vole sans trêve
Aux auteurs qui ne sont plus
Leur identité, leurs rêves
Et tout ce qu’ils ont vécu
Qu’ils soient gais ou bien tristes
Je vole leurs mots, eh oui,
Sur le dos d’autres artistes
J’continue ma poésie
Tu écoutes mes chansons
Tu entends mes chansons
Tu as fermé les yeux, c’est ce que je veux
Mais ce n’sont pas mes mots
Qui te rentrent dans la peau
Car je les ai volé, ironique
Pour mieux faire sur mesure
Me sentir exister
En prétendant être auteur de chansons
Encore ferme les yeux
Ecoute cet air nerveux
Arrêtez, arrêtez la musique
Samuel / Seigneur à paillettes
. . .
PHASE 1 :
Ils étaient jeunes, beaux chacun dans leur genre, heureux de vivre ensemble. Leurs amis et leur famille les aimaient et appréciaient de les rencontrer. Maintenant, la société est sensée les accepter entièrement comme tous les autres couples pour vivre leur amour sans contrainte, sans peur, entre adultes épanouis.
Pourtant qu’il est difficile de faire comprendre à certaines « bonnes âmes » qu’être différent fait partie de l’identité humaine…. Et pour quelle raison étrange les gens qui pensent autrement ça nous dérange ? Question à laquelle je ne trouve pas de réponse et surtout je ne comprends pas pourquoi être amenée à la poser…
Toute forme d’amour, lorsqu’il y a ni contrainte, ni violence, doit pouvoir exister dans nos sociétés dites civilisées.
Penser ou vivre autrement tant que l’on respecte les autres et toutes les formes de vies sur notre belle planète est une nécessité et non une anormalité.
PHASE 2 :
Ils étaient jeunes, beaux, dynamiques, chacun leur style,
Amis et famille appréciaient les rencontrer
Pourtant qu’il est difficile, de faire comprendre à certains la différence.
La société doit accepter entièrement
Sans contrainte, sans peur, tous les couples s’aimant
Et pour quelle raison étrange, les gens qui pensent autrement ça nous dérange,
Question qui me dérange
Les amours espérances, vivantes
Sans contraintes ni violences latentes,
Doivent dès lors pouvoir exister
A différence il y a respect
c’est nécessaire pour l’humanité.
Ô combien il n’est pas aisé
D’imposer son identité
Dans un monde complètement lié
Penser ou vivre autrement ne sera jamais une anormalité.
Evelyne / Diamant aux petits oignons
. . .
PHASE 2 :
J’ai passé ma vie à les observer
C’était toujours dans la subtilité
Mais j’ai pu voir ce qui ne se dit pas
Imaginez vous regarder le vent
Vous n’en verrez que ses effets
Il sera passé, vous aura traversé
Sans que vous l’ayez vu
Eh bien pour eux, c’était pareil
Ils s’espéraient l’un, l’autre
S’attendaient
Menaient leur vie envahis de cet espoir
Lui qui cherchait son parfum,
Les narines dilatées
La bouche ouverte
Dès les premières lueurs
Il arpentait la surface de sa bulle stérile
Les yeux écarquillées et tout à elle
Elle qui depuis son monde imprévisible
Tendait son corps et son attention vers lui
Imperceptiblement, indéfectiblement
Elle passe sa vie à l’attendre,
Pour un mot, pour un geste tendre
Dans quel monde invisible se sont-ils rencontrés ?
Lui, abandonné, une veille de vacances
Sur les hauteurs de l’Everest
Proche d’elle, sauvage et immaculée,
Lui, depuis son monde aquatique,
Elle toute aérienne
Lui, si rouge
Elle, si blanche.
Le rose les a uni
La rose de l’amour
Ce bel amour
D’un poisson rouge et d’une edelweiss
J’ai passé ma vie à les observer,
C’était toujours dans la subtilité
Mais j’ai pu voir ce qui ne se dit pas.
Les amoureux transits
Imaginez-vous regarder le vent
Vous n’en verrez que ses effets
Il sera passé, vous aura traversé
Sans que vous l’ayez vu
Eh bien pour eux, c’était pareil
Ils s’espéraient l’un, l’autre
S’attendaient envahis d’espoir
Lui qui cherchait son parfum, narines dilatées, bouche ouverte
Dès les premières lueurs
Il arpentait la surface de sa bulle stérile
Les yeux écarquillées et tout à elle
Imperceptiblement
Elle passe sa vie à l’attendre,
Pour un mot, pour un geste tendre
Indéfectiblement
Depuis son monde imprévisible
Elle tendait tout son corps vers lui
Et toute son attention pour lui
Mais dans quel monde invisible se sont-ils rencontrés ?
Lui, abandonné, une veille de vacances
Sur les hauteurs de l’Everest
Lui, abandonné,
Proche d’elle, sauvage et immaculée,
Lui, depuis son monde aquatique,
Elle toute aérienne
Lui, si rouge
Elle, si blanche.
Le rose les a uni
La rose de l’amour
Ce bel amour
D’un poisson rouge et d’une edelweiss
Valérie / Désir du château sur la montagne