Textes des participants « Dessine-moi une histoire»

« Dessine-moi une histoire »*

Atelier d’écriture du 21.07.18 à la médiathèque d’Angoulême l’Alpha en présence de la dessinatrice Marine Blandin.

Scénario* :

Les participants sont des agents de la CNCVS (Centre National des Créateurs de Vie Spatiale). Ils vont être propulsés dans un « espace blanc » où ils devront créer leur propre monde. Le capitaine Blandin matérialisera leur imagination par le dessin.

Mission 1 : écrire un descriptif clair et concis du personnage et du monde imaginé.

Mission 2 : Décrire une journée au sein du monde imaginé puis détruire sa création.*

*Ces sujets sont des créations originales des Fabulations, ateliers d’écriture, projet représenté par
les personnes morales et physiques de Marie Gréau et Mathilde Durant. Ces créations sont
protégées par le droit d’auteur. Toute réutilisation ou exploitation des sujets sans l’autorisation
expresse des détentrices des droits pourra faire l’objet de poursuites judiciaires.

 

P R O D U C T I O N S

 

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Mission 1 : Rapport

Moi, créature perdue parmi tant d’autres, je me retrouve perdue dans un espace totalement inconnu. Je sens mon souffle mais plus mon poids. Mes yeux ne retrouvent rien de familier. Enfin presque. Un paquet de clopes était perdu, là, au milieu de cette diversité de végétaux et d’astres tentaculaires de plus nombreux.

Mission 2 : Exploration et destruction

Perdue dans ce nouveau monde, je n’avais d’autres choix que de l’explorer pour mieux le comprendre et ainsi l’apprivoiser. Alors, j’avançais, sans comprendre comment. Je ne sentais pas mon corps mais je voyais mes tentacules qui me faisaient avancer. Elles glissaient sur cette terre recouverte d’une sorte de mousse géante et blanche, presque translucide. J’apercevais au loin une créature dotée d’un ventre dégoulinant sur le sol, avec un œil en son centre. Le complexe de mes multiples yeux sur ce qui me servaient de jambes s’envola en un instant. Une immense peur m’envahit mais je ne pouvais bouger, paralysée. C’était la première créature que je croisais et qui était dotée d’une bouche. Je me devais de tenter une communication avec lui. J’avançais alors à travers la puissante lumière qu’offraient les 15 lunes au dessus de moi. Chaque seconde pour le rejoindre me paraissait une éternité. Son œil immense ne cessait de me fixer intensément. A quelques mètres de lui. Je tentai d’exprimer un « bonjour » mais seul un son étrange sortit de ma bouche. Pour me réponse, la créature ouvra la bouche et en sortit à nouveau un son totalement assourdissant. Il m’en fit m’écrouler au sol quand un « tic tic tic » se mit à retentir. Il s’enfuit plus vite que son ombre. Je me relevai et observai autour de moi pour tenter de comprendre ce qui arrivait. Oh Dieu céleste ! J’étais tombée sur une plante à retardement !

Je me mis à courir, courir, courir ! Ou plutôt ramper, ramper, ramper ! Aussi vite que je le pouvais ! Le sol commença à se détruire sous mon corps. Les tremblements réveillèrent tous les volcans. Leur lave coulait sur les milliers d’espèces végétales que j’avais à peine eu le temps de découvrir. Ce que l’on pouvait apparenter à des animaux étaient déjà en train de cuire de la chaleur avant même d’être brûlés. Je continuais d’avancer tant bien que mal mais la fumée qui se dégageait envahissait mes poumons. J’allais bientôt rejoindre tous ces cadavres gisants au sol. Cette pensée ayant à peine effleuré mon esprit, je m’écroulai à terre. J’étais figée là, au sol, condamnée à observer ce spectacle. A observer jusqu’à ce que la fumée brûlant mes yeux, ne me le permettent plus.

Lola

 

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Mission 1 : Rapport

L’atterrissage se fit en douceur. Je palpais cette terre molle et spongieuse à la végétation faite de mousse géante et bleue. Je pris le temps d’observer mon nouveau corps : pas de sexe, pas de bras ni de jambe, telle une bulle de savon multicolore, je flottais en apesanteur. Je n’étais que sensations grâce à des milliers de toutes petites tentacules. Les 15 lunes au dessus de ma tête m’appelèrent de leur cris stridents et un tribu de fourmis géantes et carnivores m’observèrent de derrière les fougères immense rouge sang.

Mission 2 : Exploration et destruction

L’aventure commençait. Je découvrais ce monde étrange grâce à ce nouveau corps. Avant de me lancer dans cette aventure, j’avais des doutes. Ils se dissipaient au fur et à mesure que je m’aventurai sur cette exubérante planète. La tribu de fourmis géantes m’observait toujours à distance lorsqu’un projectile m’atteint. Celui-ci ne me jeta point à terre, mon corps se dilata et l’intégra. Il me remplit et ma bulle grossit. Les fourmis dans leur étrange dialecte s’agitèrent. Un bruit s’empara de la jungle de mousse alentour et j’entendis des milliers de pieds partout en courant. Mon corps ressentait la peur des horizons de cette planète, cela le nourrit, le fit grandir à nouveau. Je faisait à présent la même taille que ces fourmis. Au loin, un immense arbre bleu-vert phosphorescent attira mon attention. Je me dirigeai en flottant vers celui-ci lorsque quelqu’un me parla. Je fus d’ailleurs surprise de comprendre ses paroles :

« Et toi là !, fît le mille-pattes unijambiste qui surgit de derrière le buisson.

Je ne pu prononcer aucun son, mais ma voix intérieure parla et l’être étrange entendit les mots directement dans sa tête.

-Que me veux-tu ?, lui dis-je.

-Tu es en train de mettre une sacrée pagaille, étranger !

-Pour quelle raison ?, répondis-je.

-T’es le bouffe-monde, tu réalises une prophétie vieille comme Hiatus !

-C’est qui Hiatus ?

-On s’en fout tu ne crois pas ?! Rentres chez toi, c’est la meilleure solution.

-Je suis un explorateur venu en paix !

-Non je ne crois pas, répondit l’odieux personnage. »

Le mille-pattes s’approcha et tenta de me frapper de son couvre-chef. Lorsque celui-ci m’atteignit, le chapeau et le mille-pattes firent absorbés à leur tour.

Des sensations nouvelles émergèrent. Non seulement je connaissais Hiatus, mais aussi toute l’histoire de ce monde, tout, du moins tout ce que cet être connaissait et pensait. Cette découverte sensorielle fut grisante. Il m’en fallait plus !

Je décidais d’absorber, volontairement cette fois, une touffe de mousse bleue. J’exaltais, je respirais autrement, ma façon de voir le onde changea soudainement. Je pouvais voir des milliers de spores voler, je pouvais ressentir de vent souffler sur les autres mousses et j’entendais leurs pensées à elles aussi. Elles avaient peur de moi. Les lunes au dessus de ma tête ne criaient plus mais parlaient dans un langage que seuls les végétaux comprenaient.

C’est là que je perdis pied. Il m’en fallait plus, toujours plus. J’intégrai à mon être vorace les végétaux, les animaux, les cailloux. Je grossissais encore et toujours et je connaissais tout. Je devins si gros que je finis pas absorber la planète entière. Mais j’avais une connaissance absolue. J’avais détruit ce monde et ses habitants sans aucun remords. Il m’en fallait plus, encore plus. Je flottais dans l’infini de l’espace, à la recherche de connaissances, cherchant de nouvelles prises.

Elodie

 

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Mission 1 : Rapport

Toutes petites planètes flottant dans un espace aérien. Oui il y a de l’air entre ces petites planètes. Leur petite masse permet de bondir de l’une à l’autre. Chacune dispose de végétation ou de faune propre sauf les oiseaux qui n’ont pas d’ailes mais de grandes pattes musclées comme des sauterelles. Sur certaine elles attention ! Les limaces carnivores vous attendent tapies dans les fourrés et les mousses géantes et bleues.

Mission 2 : Exploration et destruction

Tous les germes ADN sont maintenant arrivés à maturité sur Terra Bétâ 63. Ce monde aléatoire, le 63eme, vient d’entrer dans sa phase d’équilibre. Tous les êtres végétaux et animaux ont créé un biotope où chacun à trouvé sa place dans la chaîne alimentaire et dans les différents lieux que Terra Bétâ peut offrir. Des millions d’années pour Terra Bétâ passées en quelques mois pour nous. Reste à savoir si cette version du monde est adaptée à l’homme sans qu’il ne doive avoir recours à la technologie. Le projet EDEN lancé depuis 15 ans a vu donc vu naître 63 terra nova. Reste à s’y rendre pour l’évaluer.

Je me dépose sur Terra Bétâ 63 au petit matin par le télé-dessino-integrateur. Étrange endroit si on le compare à Terra 1 qui nous a servi de modèle et de banque d’ADN. La clairière dans laquelle j’ai été inséré est en fait une immense lande couverte d’une mousse épaisse dans laquelle mes pieds disparaissent et me donnent l’impression de marcher sur un trampoline. C’est plutôt agréable aux pieds. Un point pour Terra 63. On doit pouvoir y dormir aussi confortablement.

Je me dirige vers ce qui doit être la lisière d’une forêt. Ma progression est un peu ralentie par ce sol instable jusqu’à ce que je me rendes compte que je peux en fait utiliser cet effet de trampoline. Mes enjambées deviennent des sauts puis des bonds de plusieurs mètres. Ma progression devient presque un vol et en quelques minutes je me trouve enfin à la lisière de cette forêt. Que espace étrange ! Les arbres ne sont en fait que des fougères immenses. Certaines sont des fougères aigles mais à la dimension d’arbres majestueux. Il me faut maintenant parcourir ce nouvel espace pour retrouver EVA 63 et tenter d’y établir une nouvelle humanité. Ce monde sous ces fougères géantes m’offre un air délicieusement frais et oxygéné, juste ce qu’il faut d’humidité pour que mes fonctions respiratoires soient au mieux de leurs performances. Je parcours des kilomètres dans cette forêt sans fin en direction du lieu probable de l’atterrissage d’EVA 63. Si la jonction se fait sans encombres, nous pourrons alors espérer que Terra 63 sera notre nouvelle terre sinon nous devrons semer Terra 64 et espérer de nouveau qu’elle puisse éclore comme l’ont fait Terra 3, Terra 23 et Terra 39 qui malheureusement n’ont pas donné à Adam et Eva la perspective d’une nidification heureuse et sécure. Terra 63 devra-t-elle elle aussi être sacrifiée à Terra 64 pour une nouvelle tentative ? En fin d’après-midi, j’arrive sur le lieu d’atterrissage d’EVA 63. Elle est en prise avec une armée de limaces bondissantes qui semblent vouloir se coller à moi. Mais à mesure qu’elles se décollent de ma peau, d’autres se sont déjà installées. Le nombre croit toujours plus et maintenant que je rejoins EVA 63, elles l’assaillent violemment. Le lieu n’est pas viable pour nous et logiquement cette terre va être effacée par le programme X pour construire Terra 64 en laquelle nous plaçons à nouveau tous nos espoirs. A l’instant où EVA est couverte de limaces carnivores, son souffle de vie semble s’évanouir. Toute cette forêt majestueuse s’efface alors, pixels après pixels, pour la prochaine Terra 64.

Cyril

6_RYL

 

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Mission 1 : Rapport

Après avoir ouvert les yeux (vision panoramique six yeux), je me retrouve dans une sphère avec un petit astre lumineux, un soleil, en son centre. Autour du petit soleil, plusieurs lunes tournent très lentement provoquant des jours et des nuits de 3 à 4 heures.

La sphère a une gravité inversée : il est possible de marcher mais un sentiment d’enfermement est ressenti. Mon corps change régulièrement. Aucune envie de manger, boire. D’autres espèces sont présentes et très changeantes. La grande flore est stable mais elle se développe rapidement. Il y a de l’eau présente un peu partout.

Mission 2 : Exploration et destruction

De retour dans la sphère, mon corps à quatre pattes est semblable à un guépard à 6 yeux.

Je scrute l’horizon plein de couleurs pastelles profitant d’une vue panoramique. J’aperçois des arbres, des lianes, des buissons, des fougères, des cours d’eau et également une faune assez dense. Je prends l’initiative de parcourir ce monde hors du commun. En observant de plus près la flore, je constate des changements de tâches de couleurs violettes. Je m’arrête devant une de ces tâches qui grandissent en formant des tentacules qui finissent par tomber et se décomposer sur rapidement. Ce phénomène réduit de manière drastique la densité de la flore. Je continue mon périple quand soudain mon corps tremble. Une tâche violette sur ma patte grandit en tentacule, tombe et se décompose. Ce spectacle affolant me fait courir dans tous les sens. Je constate que ma masse corporelle diminue. Je finis pas me calmer et continue mon périple. Je rencontre des animaux. Aucun son n’est compréhensible. Un peu plus loin, j’observe un animal immobile. Celui-ci ressemble à une girafe avec deux pattes de plus et un cou dédoublé surplombée de deux têtes. Soudain, le corps se met à trembler et j’observe le même phénomène que précédemment. Je décide de m’arrêter. Ce spectacle effrayant est épuisant.

Une secousse me réveille. En ouvrant les yeux, quelle surprise ! Tout semble petit y compris moi. Seuls le soleil et les lunes semblent grandis. Après quelques temps, une deuxième secousse se fait ressentir. Un des deux lunes heurte le soleil déclenchant un grondement. Le sol et toute la sphère rétrécissent sur le soleil très rapidement et… Bim Bam Bum.

(Fin de ce monde)

Solova

Victor

 

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Mission 1 : Rapport

CORPS → MATIÈRE TRANSPARENTE, DENSE, VOLUMINEUSE

PERSONNAGES → AUTRES MATIÈRES TRANSPARENTES TRÈS NOMBREUSES, DENSE ET DE TOUTES TAILLES

EN VEILLE

MODE DE COMMUNICATION → TÉLÉPATHIE ET ULTRASONS

DÉPLACEMENT → APESANTEUR

VITESSE DE LA LUMIÈRE

EXPONENTIEL

MODE DE VIE → DÉSINCARNATION

EXPRESSION DE L’INTELLIGENCE SOUS TOUTES SES FORMES

ENVIRONNEMENT → VIDE, INCOLORE, INFORME

NEUTRALITÉ THERMIQUE 22°C

Claire

 

Un immense merci à  la dessinatrice Marine Blandin pour son implication dans l’atelier, sa bonne humeur, sa générosité et le merveilleux moment de partage qu’elle a offert à nos participants. 

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Auteur : lesfabulations

Ateliers d'expression créative en Nouvelle-Aquitaine Structure dirigée par Marie Gréau et Mathilde Durant

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