Ateliers en milieu scolaire

Qui Sommes-nous _ (2)

Depuis janvier 2019 nous avons ouvert la méthode de l’écriture immersive aux scolaires.

Nous proposons d’intervenir en période scolaire, à raison d’une heure et demi par semaine avec des groupes de 5 à 15 élèves.

Ces ateliers sont proposés pour des enfants et adolescents de 8 à 18 ans et sont conçus pour s’adapter à tous les niveaux et tous les types de difficultés.

Pourquoi proposer des ateliers d’écriture en parallèle des cours traditionnels ?

Il est primordial de rappeler que, cadre scolaire ou non, les ateliers d’expression créative que nous proposons ne sont pas des cours. Ces derniers n’ont donc pas pour but prioritaire de relever le niveau de grammaire et d’orthographe des élèves mais de leur permettre d’améliorer leur relation avec l’écriture et la lecture. Il s’agit principalement d’une mise en confiance avec la littérature et l’imagination pour développer un esprit de synthèse et des facultés de rédaction qui pourront être réutilisés en cours. Notre volonté de se distinguer nettement des cours proposés s’affirme premièrement par une mise à distance volontaire du programme scolaire afin de proposer aux élèves d’exploiter l’écriture et la lecture sur des thèmes libres susceptibles de les inspirer et de les motiver. Cette « sortie » momentanée des programmes permet à des élèves, parfois en grande difficulté, de constater que l’école est aussi un lieu où l’on peut développer des capacités et des compétences de manière ludique sans que cela n’apparaisse comme une contrainte.

Pourquoi deux animatrices ?

Afin de rompre avec l’image du maître et donc avec le côté scolaire de l’écriture, il nous est apparu essentiel de suivre la voie ouverte par le Groupe Français d’Éducation Nouvelle en animant toujours chaque séance à plusieurs. La figure centrale d’autorité est évincée au profit de deux animatrices. Cette dualité permet plusieurs actions distinctes. Nous ne sommes ni autrices, ni professeures. Nous nous plaçons donc du côté du jeu de rôles en tant que « meneuses de jeu ». Nous proposons aux participants·tes un univers, une histoire qu’ils·elles vont compléter et en cela nous sommes nous aussi des personnages. Cette particularité vise à mettre en confiance les participants·tes. En se positionnant ainsi, nous ne sommes pas des instances littéraires à laquelle les élèves vont devoir se mesurer mais des oreilles compréhensives qui vont pouvoir les accompagner dans leur aventure.

Loin de vouloir effectuer le travail des professeurs à leur place, nous concevons les ateliers comme un outil complémentaire aux cours proposés et non comme un soutien scolaire. Les ateliers ne proposent pas d’évaluations aux élèves, ils doivent être considérés comme un espace de liberté artistique absolu.

Le projet ?

Les ateliers d’écriture sont proposés par groupe pour une durée moyenne de 6 mois. Ce laps de temps nous permet de construire un véritable projet d’écriture avec les élèves. Les premières séances visent à mettre en confiance les participants avec l’écriture. Il s’agit donc d’aborder la fiction et la littérature par le biais de jeux ludiques qui favorisent la prise de parole, la cohésion de groupe et le plaisir. Dans un deuxième temps, les élèves se voient proposer de créer collectivement une nouvelle.

Le but d’une telle expérimentation est de mettre au point de manière collective un projet concret qui aboutit à l’impression d’un carnet entièrement écrit et illustré par les élèves. Les participants sont ici immergés dans un rôle d’écrivain. La trame narrative, les personnages ainsi que les rebondissements sont donc entièrement de leurs faits. Il s’agit là de faire en sorte que les élèves apprennent à s’écouter les uns les autres. Pour ce faire, la base du récit est élaborée en utilisant des méthodes à l’image du brainstorming. De cette manière, les élèves sont obligés de prendre leurs décisions conjointement et donc de faire des concessions pour trouver des solutions cohérentes et satisfaisantes pour tous et toutes.

Une fois la nouvelle rédigée, illustrée et imprimée, les élèves s’attellent au tournage d’une vidéo. Cette dernière a pour objectif de faire comprendre aux élèves que la littérature constitue aussi un moyen de mise en scène de soi. Les élèves sont donc ici dans le rôle d’acteurs, de portes parole de leur propre histoire. Ce processus qui allie écriture, prise de parole, théâtre et lecture se veut véritable catalyseur d’imaginaire. Les exercices proposés, par le biais de l’immersion dans divers rôles, poussent les enfants à imaginer plusieurs manières de mettre en scène une même histoire sortie tout droit de leur imaginaire collectif.

Quels résultats ?

Après expérimentation, les évolutions suivantes ont été constatées par l’équipe pédagogique sur un groupe d’élèves donné[1] :

  • Plus de facilité à prendre la parole en cours
  • Plus grande capacité à écouter ses camarades
  • Une concentration accrue après l’atelier
  • Augmentation de l’appétence pour la lecture
  • Augmentation de l’appétence pour l’écriture
  • Plus de facilité à imaginer des histoires et concepts abstraits

Le fait d’allier l’utilisation de scénarios avec des exercices d’expression orale permet aux participants·tes de développer leur aptitude à prendre la parole en public, à lire, raconter et se raconter face aux autres. Danielle Perrot-Corpet, coordinatrice de la journée d’étude Fiction littéraire contre storytelling ? Formes, valeurs, pouvoirs du récit aujourd’hui[2] avance le fait que nous vivons aujourd’hui dans un monde régi par le storytelling. Il s’agit d’une stratégie de communication, aussi appelée « communication narrative » qui « utilise la narration d’histoires (« stories ») comme technique de persuasion »[2]. Cette stratégie est utilisée en marketing, en communication mais également en politique, particulièrement pendant les campagnes présidentielles. L’écrivain, sociologue et spécialiste des médias Christian Salmon a écrit en 2007 un ouvrage concernant cette pratique intitulé Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits. Dans ce livre, il dénonce l’hypermédiatisation de notre société et la manière dont le storytelling est utilisé pour manipuler la population. Comme avancé plus tôt, aujourd’hui, cette méthode est également largement employée dans les publicités, les séries télés etc. Selon l’étude Junior Connect 2017 menée par IPSOS « les 7-12 ans passent en moyenne 6h10 sur le web par semaine »[3] et ces chiffres sont en perpétuelle hausse dû au fait que cette tendance s’accompagne d’une progression du taux d’équipement en smartphones, tablettes etc. Les enfants ciblés par nos ateliers sont donc de plus en plus exposés aux contenus issus de la méthode du storytelling. Danielle Perrot Corpet lors de la journée d’étude exposée plus tôt, présente la fiction littéraire en opposition au storytelling comme « une « contrenarration », dont la valeur consiste, ni plus ni moins, à donner aux hommes « les moyens intellectuels et symboliques de penser leur vie »[2]. Ainsi, utiliser la fiction littéraire comme contrepoint des méthodes marketing employées massivement permettrait de remettre en cause les normes sociales, d’opérer un déplacement du sujet pour lui permettre de s’intéresser aux thèmes d’actualité et de société sous des angles inédits. En conséquence, les ateliers d’écriture immersive proposés à des élèves fortement imprégnés par la culture de l’image, ont également cette vocation de forger l’esprit critique, d’apprendre aux élèves à se raconter et raconter les autres d’une manière différente, d’une manière qui ne vise pas l’adhésion d’un public mais la réflexion de son auditoire.

Actuellement nous travaillons en partenariat avec le Département de la Charente et le collège de Confolens mais sommes ouvertes à d’éventuels nouveaux projets. Nous vous invitons donc à nous contacter.

Pour plus de renseignements, contactez-nous par mail à l’adresse lesfabulations@gmail.com ou par téléphone au 0689936750.

Pour consulter le résultat de notre travail au sein du collège de Confolens c’est par ICI

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[1] Expérimentation avec un groupe de 11 élèves (niveau 6ème) jugé en grande difficulté scolaire. (Janvier à juin 2019, collège de Confolens.)
[2] PERROT-CORPET Danielle Journée d’étude (juin2016) issue du projet de recherche « « Fiction littéraire contre storytelling : un nouveau critère de définition et de valorisation de la littérature ? » coordonné de 2014 à 2016 par Danielle Perrot-Corpet http://www.crlc.paris-sorbonne.fr/pdf_revue/revue7/07Avant_propos_D_Perrot_Corpet.pdf
[3]  IPSOS, Les jeunes ont toujours une vie derrière les écrans, https://www.ipsos.com/fr-fr/junior-connect-2017-lesjeunes-ont-toujours-une-vie-derriere-les-ecrans